Un avis ? Un commentaire ?
Cet espace est pour vous.
« Et voici la couleur, au jour fixé et à l’heure dite… »
Déclarait solennellement et avec fierté, Georges Gorces, alors ministre de l’information, le 1er Octobre 1967 à 14h15, à l’occasion de cette prouesse technologique que fut l’arrivée de la couleur sur nos petits écrans. Déclaration qu’il poursuivit par : « Vous cesserez très vite, je le sais bien, d’être sensibles à la magie de la chose. » Et il n’avait pas tort.
A l’époque, Huguette regarde tranquillement son épisode de chapeau melon et bottes de cuir sans se soucier de la qualité médiocre du son et de la vidéo, et demande simplement à René de taper 3 fois sur le poste de télévision lorsque la réception se dégrade. Notre attitude devant nos films et nos émissions préférés a bien changé. Ma vidéo est saccadée, j’appelle mon fournisseur d’accès internet, le son est mauvais, je renvoie ma télé chez Darty, un problème de réception satellite : « Allô Sky, je ne suis vraiment pas content ». Les évolutions technologiques en matière d’audiovisuel nous ont été offertes doucement, au fil du temps, augmentant insidieusement notre niveau d’exigence.
Pourtant, un simple coup d’œil 50 années en arrière permet de prendre conscience du chemin parcouru. Diffusion par câble, satellite et IP, télévision numérique, multiplication du nombre de chaines, qualité HD, Ultra HD, son Dolby Digital. En consommateurs exigeants que nous sommes, nous donnons toujours plus de fil à retordre aux industriels de l’audiovisuel, qui se doivent d’être irréprochables sur la qualité des services proposés, et qui dit qualité dit bien évidemment test. Cet article a donc pour objectif de présenter les méthodes et outils de test dans ce domaine bien particulier qu’est la télévision numérique. Bien que de nombreux types de tests existent dans cette industrie (Hardware, infrastructure, CEM, résistance au choc des décodeurs numériques, etc…), je vous propose de concentrer notre attention sur les tests logiciels d’un organe central de la télévision numérique, le décodeur.
… ou STB (Set Top Box) pour les intimes, est partout, dans votre salon, votre chambre, ou peut être votre cuisine. Depuis la disparition en France de la télévision analogique hertzienne le 29 Novembre 2011, cet appareil est nécessaire pour profiter des merveilleux programmes proposés par le service public et privés, et si quelques sceptiques se disent encore :
Mais il est fou, j’ai jamais acheté de décodeur moi, je ne sais même pas à quoi ça ressemble !
Je vous confirme que vous faites fausse route, votre décodeur est peut-être caché dans votre modem ADSL, votre télé ou encore votre tout nouveau lecteur Blu-ray, mais il est bel et bien là.
Le décodeur est un appareil électronique dont le rôle premier est de récupérer un signal numérique (flux) provenant de votre réseau câble, internet, Satellite ou TNT, puis de le convertir en signaux audio et vidéo pouvant être joués sur votre téléviseur.
Les décodeurs actuels possèdent de nombreuses fonctionnalités secondaires comme l’enregistrement de programmes, le timeshifting (possibilité de stopper, puis de reprendre un programme diffusé en direct), l’EPG (Electronic Program Guide) permettant d’afficher en temps réel des informations concernant les programmes en cours et à venir, et bien d’autres.
Un décodeur est constitué de différentes couches matérielles et logicielles, comme le décrit le schéma simplifié suivant :
Nous allons nous intéresser plus particulièrement à cette dernière couche, l’applicatif, celle avec laquelle notre utilisateur final, vous, moi, nous quoi, avons un contact direct.
Dans l’industrie audiovisuelle, minimiser la probabilité de présence d’une anomalie logicielle est essentiel.
En effet, un défaut matériel ou logiciel peut avoir un impact considérable tant sur le plan économique, qu’en termes d’image.
Un décodeur numérique est un produit grand public, et pour cette raison, il est produit et distribué en très grandes quantités, par millions. Comment réagiriez-vous en tant qu’utilisateur, tout content de déballer votre tout nouveau décodeur avec diffusion en 4k de MoMoMotus, si vous constatiez un problème lors de l’installation, ou des coupures de son répétées, pile sur les bonnes blagues de Thierry Beccaro ?
Vous réagiriez très probablement comme des milliers d’autres déballeurs de décodeurs, par des appels répétés au service après vente. Ces appels, multipliés par le nombre important de clients insatisfaits mobilisent de nombreuses ressources, exigent un certain temps de traitement, notamment pour des problèmes complexes nécessitant un support de niveau 2.
Le traitement de ces milliers de cas clients représente un coût important pour l’opérateur. Il arrive également que les problèmes remontés par les clients à l’opérateur mette en évidence un défaut du produit. Dans ce cas, le fabricant doit mobiliser des équipes pour identifier et corriger l’anomalie, au détriment des autres projets en cours de développement. Ce genre de « crise » entraîne à son tour des coûts non négligeables et un risque de retard de livraison pour les autres projets.
Cela peut encore aller plus loin, jusqu’au rappel des produits. Là, il ne s’agit plus seulement d’une histoire de coût mais également de la perte potentielle d’un marché au profit de vos féroces concurrents qui n’attendent qu’un faux pas de votre part pour s’approprier, à vos dépens, la place de leader de l’intégration de la toute dernière techno de compression audio ou vidéo dans leur terminaux résidentiels. Et il ne se privera pas d’en faire mention sur les salons, les forums hi-tech et autres réseaux sociaux.
Une autre fonctionnalité des décodeurs numériques est le contrôle parental. Souvent activé par défaut, il exige un mot de passe pour pouvoir jouer un programme au contenu interdit au mineurs, généralement des programmes contenant des scènes de violence ou de pornographie. Une défaillance du contrôle parental pourrait donc permettre à n’importe quel bambin jouant avec la télécommande de tomber sur un programme qui ne lui est pas destiné.
Ce genre de situation est bel et bien arrivé. Pas à ma connaissance sur les décodeurs numériques, mais dans le cadre de la diffusion de programme par internet (webTV) du groupe Canal+.
Ainsi le 15 Avril 2012, à 13h40, confortablement installés devant leur écrans, parents et enfant s’apprêtait à digérer leur repas dominical devant le dernier opus de la saga Arthur et Minimoys, de Luc Besson. Malheureusement, une défaillance technique sur les serveur de diffusion de la webTV a provoqué la diffusion accidentelle d’extraits de films pour adulte. Suite à cela, les abonnés concernés par le problème ont exprimé leur colère sur le forum du diffuseur, puis au tour des médias de s’emparer de l’affaire, RTL, Ouest-France, France tv info, … Compliqué pour le groupe de justifier un tel problème. La chaîne a dû présenter ses excuses aux abonnés tout en affirmant que la cause du problème avait été identifiée et ne se reproduirait plus.
En règle générale, ces risques sont connus, et bien que quelques rares problèmes passent les mailles des filets comme nous venons de le voir, de nombreux tests sont effectués dans l’industrie audiovisuelle afin de détecter et de corriger le maximum d’anomalies avant que les produits ne soient en utilisation chez les clients.
Les technologies de l’audiovisuel se sont démocratisées en quelques 50 années, et désormais, lorsque nous passons devant une nouvelle télévision 4K, ou un décodeur numérique dernier cri, cela semble banal. Il s’agit pourtant d’une industrie de pointe, en constante évolution, qui, à ce titre, nécessite une politique de test aux contours bien définis pour éviter entre autres, des catastrophes économiques et marketing.
Nous arborderons, dans le prochain article, le fonctionnement d’une cellule de validation pour décodeurs numériques ainsi que des exemples de tests courants.
Cet espace est pour vous.