Ce QA mène une double vie (et ce n’est pas ce que vous croyez)

Le test logiciel est un véritable carrefour. Julien Escots le prouve avec un parcours qui traverse le développement, l’automatisation, le management… et même l’immobilier ! Découvrez son témoignage qui sort des cases.

Développeur ou testeur ? Un peu des deux !

Hightest : Bonjour Julien ! Parlons d’abord de ton parcours purement informatique, qui présente une particularité intéressante. Tes études supérieures ont été centrées sur le développement, mais dès le début pour tes stages et tes alternances tu as fait du test. Tu as ensuite enchaîné 2 alternances en tant que dev… pour finalement te spécialiser de nouveau dans la qualité ! Un profil comme le tien illustre bien la porosité entre ces deux expertises, et va à l’encontre des stéréotypes. Comment est-ce que tu vois les choses aujourd’hui ?

Julien Escots : Effectivement, mon parcours reflète bien cette porosité entre le développement et la qualité. J’ai commencé par le test, ce qui m’a permis de développer une forte sensibilité aux problématiques de fiabilité, de robustesse et d’expérience utilisateur. Ensuite, mes deux alternances en tant que développeur m’ont apporté une vraie compréhension technique des produits, du code, et des contraintes que peuvent rencontrer les équipes de dev.

Aujourd’hui, je vois la qualité comme une extension naturelle du développement. Ce ne sont pas deux mondes opposés, mais complémentaires. Un bon testeur comprend le code, et un bon développeur gagne à intégrer une logique qualité dès la conception. Mon profil me permet justement de faire le lien entre ces deux univers, de parler le même langage que les devs tout en apportant un regard critique sur la qualité produit. Je pense que c’est cette double casquette qui me permet aujourd’hui d’avoir un rôle à plus forte valeur ajoutée dans une équipe agile.

La troisième casquette

Hightest : C’est très probable ! Ce genre de profil joue souvent un rôle “émulsifiant” dans une équipe (un émulsifiant étant un élément qui aide deux substances à se mélanger…) Et depuis peu, tu as même une troisième corde à ton arc ! Tu peux nous en parler un peu ?

Julien Escots : Depuis quelque temps, je me suis lancé dans l’immobilier en parallèle de mon poste de Lead Test. C’est une activité que j’avais en tête depuis un moment, par envie d’entreprendre, de découvrir un univers totalement différent et aussi d’avoir un impact plus direct dans la vie des gens. Je suis aujourd’hui mandataire immobilier, et j’accompagne des clients dans leurs projets d’achat ou de vente, de l’estimation jusqu’à la signature chez le notaire. C’est très enrichissant, à la fois humainement et professionnellement.

Je consacre toujours la majorité de mon temps à mon rôle de Lead Test (environ 90 %) mais je profite de mes temps libres, soirs et week-ends pour développer mon activité immobilière.

Les deux domaines peuvent paraître éloignés, mais je trouve qu’ils sont étonnamment complémentaires. Mon expérience dans la tech m’a donné une vraie rigueur, une capacité à structurer, à analyser des données, à anticiper les problèmes, et tout cela me sert énormément dans la gestion de mon activité immobilière. À l’inverse, l’immobilier me pousse à sortir de ma zone de confort, à renforcer mes compétences relationnelles, à apprendre à gérer le stress d’une négociation ou d’un accompagnement client dans un moment de vie important. Finalement, c’est un équilibre que je trouve stimulant, et qui me permet de progresser dans les deux domaines.

Le quotidien d’un lead test

Hightest : C’est drôle, il y a quelques temps on avait interviewé des profils issus de reconversions et on en avait conclu que tous les chemins mènent au test. On pourrait se dire que l’inverse est peut-être vrai aussi ! Cette diversité de parcours notamment fait que chaque QA a son propre style de test. Et toi, c’est quoi ta marque de fabrique ?

Julien Escots : Ma marque de fabrique, c’est ma curiosité et mon instinct de testeur. J’adore explorer les cas limites, traquer les comportements inattendus, parfois même farfelus. Ce qui me motive, c’est de comprendre comment un utilisateur (ou un bug) peut sortir du cadre.

J’aime aussi être au cœur des mises en production : valider, accepter, assurer la qualité jusqu’au dernier moment, c’est là que je me sens le plus utile.

En tant que Lead Test, je veille à ce que mes équipes aient une vision claire de la stratégie de test, avec un bon équilibre entre manuel et automatisation. Je pousse pour une automatisation intelligente : ciblée, fiable, et qui donne un feedback rapide. Mon rôle, c’est aussi d’aligner tout le monde autour de la qualité, sans jamais perdre de vue la valeur.

Hightest : Lead Test, c’est un rôle exigeant. Raconte-nous ton plus gros challenge !

Julien Escots : Mon plus gros challenge, ça a été de mettre en place une vraie stratégie de test pour une équipe de 10 testeurs, mêlant profils fonctionnels et automaticiens. Il a fallu trouvé le bon équilibre entre cadrage, autonomie et cohérence d’ensemble.

Ce qui m’a demandé le plus d’effort, c’est de jouer le rôle de chef d’orchestre : comprendre les forces de chacun, aligner les pratiques, définir des priorités claires et des objectifs communs. La cohésion et la création d’une communauté entre nous a été l’un de mes principaux grand challenge.

Une histoire de bug

Hightest : On voit bien tout l’enjeu managérial et organisationnel qui vient se superposer aux problématiques classiques des tests… Dans ton parcours, tu as dû découvrir pas mal d’anomalies, est-ce qu’il y en a une qui t’a marquée plus que les autres ?

Julien Escots : Un bug qui m’a marqué, c’est lors du déploiement d’un nouveau parcours réservé à une poignée de conseillers bancaires. En principe, seuls quelques profils pilotes devaient y accéder. Sauf qu’à quelques minutes de la mise en production, on a découvert qu’il suffisait qu’un seul conseiller accède au parcours pour qu’il soit activé pour tous les conseillers de France.

Heureusement, on l’a détecté juste à temps, ce qui nous a permis de décaler la MEP et de corriger avant que l’impact ne soit réel. Sur le moment, c’était chaud, mais avec le recul, c’est un super rappel de l’importance des tests d’habilitation et des validations de dernière minute !

Rester à la pointe

Hightest : Outch ! Ces gros bugs de dernière minute servent souvent de leçon et aident à alimenter les checklists de tests incontournables… Mais le temps est long et on n’a pas toujours l’occasion d’apprendre de manière intensive. As-tu déjà eu l’impression de stagner ? Qu’est-ce que tu mets en place pour continuer de progresser ?

Julien Escots : Oui, ça m’est déjà arrivé, surtout d’un point de vue technique. Parfois, tu as l’impression d’avoir bien avancé, d’avoir acquis pas mal de compétences… et puis tu te rends compte que la montagne est encore très haute. C’est un peu déstabilisant, mais aussi motivant.

Pour continuer à progresser, je m’impose une veille régulière, je fais des POC sur mon temps perso, je challenge mes pratiques, et surtout, j’échange beaucoup avec mes pairs. Je pense qu’on apprend énormément en partageant : une bonne discussion avec un collègue ou un développeur peut t’ouvrir des perspectives que t’avais pas envisagées.

Et puis, en tant que Lead, je me dois aussi de rester à jour pour pouvoir guider les autres, ça me pousse à ne pas me reposer sur mes acquis.

Un conseil pour QA qui débutent

Hightest : En parlant de guider les autres, quel conseil donnerais-tu à une personne qui voudrait se lancer dans le test ?

Julien Escots : Le conseil que je donnerais à quelqu’un qui veut se lancer dans le test, c’est : sois curieux, et pose-toi toujours la question “Et si… ?”. Le test, ce n’est pas juste suivre des scénarios, c’est chercher à comprendre comment un produit peut se comporter autrement que prévu.

Je lui dirais aussi que le test, aujourd’hui, c’est loin d’être un métier isolé ou secondaire. Il faut savoir collaborer avec les devs, les PO, les ops, comprendre le produit, et même parfois challenger la conception. Et si en plus tu touches un peu au code, l’automatisation devient un vrai levier pour faire gagner du temps à toute l’équipe.

Merci beaucoup à Julien pour cet échange très intéressant !